L'un des faits les plus marquants de
notre premier roi de France qui n'est pas encore la France est bien
sur celui du vase de Soissons; Anecdote que tout le monde ou presque
connaît... Pour les presque et finalement aussi pour les autres je
vais céder ma place à un témoin de l'époque Grégoire de Tours
qui a pratiquement, il s'en est fallu de peu, vécu ce grand moment
historique et qui donc va pouvoir vous le raconter.
Que l'histoire se déroule vers 486 et
que Grégoire de Tours soit né vers 539 est une donnée à prendre
en compte mais avouez quand même qu'il a raté cet événement de
peu.
L'ami Grégoire a raconté le tout dans
ses livres connus sous nom de « historia francorum ».
Vas y Grégoire raconte:
«
Dans ce temps, l'armée de Clovis pilla
un grand
nombre d'églises, parce que ce prince était encore
plongé dans un culte idolâtre. Des soldats avaient en-
levé
d'une église un vase d'une grandeur et d'une
beauté étonnante,
ainsi que le reste des ornemens du
saint ministère. L'évêque
de cette église envoya vers
lui des messagers pour lui demander
que, s'il ne pou-
vait obtenir de recouvrer les autres vases, on
lui ren-
dît au moins celui-là. Le roi, ayant entendu ces pa-
roles dit au messager « Suis-moi jusqu'à Soissons
parce que
c'est là qu'on partagera tout le butin; et
lorsque le sort
m'aura donné ce vase, je ferai ce que
demande le pontife. »
Étant arrivés à Soissons,
on mit au milieu de la place tout le
butin, et le roi
dit « Je vous prie, mes braves guerriers de
vouloir
bien m'accorder, outre ma part, ce vase que voici, »
en
montrant le vase dont nous avons parlé ci-dessus.
Les plus sages
répondirent aux paroles du roi: « Glo-
« rieux roi, tout ce
que nous voyons est à toi nous-
« mêmes nous sommes soumis à
ton pouvoir. Fais
« donc ce qui te plaît car personne ne peut
résister
« à ta puissance. » Lorsqu'ils eurent ainsi parlé
un
guerrier présomptueux, jaloux et emporté, éleva sa
francisque et en frappa le vase s'écriant « Tu ne
recevras
de tout ceci rien que ce que te donnera
vraiment le sort. » A
ces mots tous restèrent stupé-
faits. Le roi cacha le
ressentiment de cet outrage sous
un air de patience. Il rendit au
messager de l'évêque
le vase qui lui était échu gardant au
fond du cœur
une secrète colère. Un an s'étant écoulé,
Clovis or-
donna à tous ses guerriers de venir au Champ-de-
Mars revêtus de leurs armes, pour faire voir si elles
étaient
brillantes et en bon état. Tandis qu'il exami-
nait tous les
soldats en passant devant eux, il arriva
auprès de celui qui
avait frappé le vase, et lui dit
« Personne n'a des armes aussi
mal tenues que les
tiennes, car ni ta lance, ni ton épée, ni ta
hache,
ne sont en bon état;.» et lui arrachant sa hache il
la
jeta à terre. Le soldat s'étant baissé un peu pour
la
ramasser, le roi levant sa francisque, la lui abattit
sur la tête
en lui disant « Voilà ce que tu as fait au
vase à Soissons.
Celui-ci mort, il ordonna aux
autres de se retirer.
»
Moi: vous pouvez retrouvez le texte
intégrale en suivant ce lien.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k94600f.image.f110.pagination
Cette petite histoire a bien sur
strictement rien à voir avec le contenu de ce blog qui est, comme
personne ne le sait, la longue, la très compliquée mais la très
passionnante histoire de la langue française. Pourtant...oui,
pourtant... quand Clovis abat son arme sur la tête du futur macchabé
en quelle langue croyez vous qu'il lui parle ?
En latin !qui restait certainement la
langue prestigieuse de l'époque et quand on dit un mot ou une phrase
célèbre historique on ne le dit pas en Népalais.
En francique! car c'était des francs, donc
la langue maternelle de Clovis,
En gallo-romain ! car le peuple de
Clovis était en majorité des gallo-romains mélangé avec d'autres
barbares.
Le saurons -nous un jour ?
Quoiqu'il en soit cette époque devait
être un joyeux bordel linguistique.
Bon ben c'est pas tout, la suite prochainement